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Notre prochain conférencier le professeur Philippe HUGON, qui viendra à Toulouse le 24 novembre, vient de publier un article sur le Mali
La reconquête du Nord Mali suppose trois conditions
> Par Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS (Le Monde.fr, 17 > octobre 2012)
> http://www.iris-france.org/informez... > > > > Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité, le 12 octobre, la > résolution présentée par la France pour répondre à la demande des > autorités maliennes d’une force militaire internationale.
Il demande > aux organisations régionales africaines un plan d’intervention dans > les 45 jours tout en préconisant un processus de négociation crédible > entre le gouvernement malien et les rebelles Touaregs. Le feu vert > éventuel du Conseil de sécurité interviendra avant la fin de l’année. > La France a déployé beaucoup d’efforts pour que cette intervention ait > la légalité internationale tout en mettant l’Afrique en première > ligne ; elle apportera son appui logistique. Cette intervention a été > longtemps refusée par l’Algérie, principale puissance régionale, qui > préférait la négociation. Certains craignent un enlisement et > considèrent que le préalable est la légitimité du pouvoir malien et la > reconstitution de son armée.
> D’un côté, il y a légitimité et urgence à agir vu le contrôle par la > force de mouvements extrémistes qui prennent de l’ampleur (en termes > de recrutement, d’arsenal militaire et d’actions terroristes). Les > populations du Nord subissent des exactions quotidiennes et des drames > humanitaires avec plus de 200 000 déplacés ou réfugiés. Les risques > augmentent pour le Mali et les pays de l’arc sahélo-saharien mais > également pour la France. Des alliances opportunes existent entre les > quatre forces par le contrôle des divers trafics (de drogue, d’hommes, > d’armes) mais les revendications vont de l’indépendance de l’Azawad > (MNLA), à l’exigence de la charia (Ansar-Dine) ou à la volonté du > califat de la Mauritanie à la Somalie (AQMI et son allié Mujao).
> De l’autre, la reconquête du Nord Mali suppose :
> 1/ une reconstitution d’une armée malienne décomposée matériellement > et dans sa hiérarchie ;
> 2/ une légitimité des autorités maliennes alors que les ex-putschistes > imposent leur loi militaire et que les responsables politiques sont > divisés ;
> 3/ un appui des forces africaines et non de la seule CEDEAO.
> L’Algérie, qui est un des acteurs majeurs ayant en partie entraîné la > crise en boutant AQMI hors de ses frontières et en laissant ouvertes > les frontières pour les approvisionnements des divers mouvements du > Nord à commencer par Ansar-Dine, est évidemment un acteur > incontournable pour trouver une solution.
Une intervention militaire, > incertaine dans ses conséquences et ses effets collatéraux, ne > pourrait pas être mise en place avant le printemps 2013. > Quatre volets doivent être menés de concert même si leur temporalité > diffère.
> Le volet militaire suppose une reconstitution de l’armée malienne, un > déploiement de forces africaines, un appui logistique, à la formation, > de renseignement et de forces spéciales notamment de la France, des > Etats-Unis et de l’Algérie. Les interventions doivent être spécifiques > vis-à-vis de milices très mobiles et de mouvances atomisées. Au-delà > de la reconquête des villes (Gao, Kidal, Tombouctou), se pose le > contrôle d’un immense territoire. Les 700 fanatiques doivent être > dissociés des 4000 combattants essentiellement Touaregs, membres > d’Ansar-Dine et du MNLA. Ces derniers doivent disposer d’opportunités > de reconversion. Il importe de tarir les différents circuits > d’approvisionnement en armes qui proviennent pour l’essentiel de Libye > et transitent par l’Algérie
> Le volet diplomatique suppose que les pays échaudés par l’intervention > libyenne, s’opposant aux hégémonies occidentales, craignant le > leadership de la France, soient convaincus de la nécessité d’une > action légitimée par la communauté internationale. La France doit > convaincre l’Algérie. L’Europe doit prendre conscience que la question > malienne la concerne et donner un appui en termes de formation et de > logistique.
> Le volet politique implique que les rivalités personnelles des > responsables du Mali cèdent la place à une unité sur un enjeu > stratégique national. Si l’indépendance de l’Azawad n’a aucune > légitimité, des droits doivent être reconnus avec une plus grande > autonomie du Nord, voire un Etat fédéral. Le soutien des mouvements > associatifs, des organisations paysannes, des mouvements des femmes, > des responsables religieux se situant dans les traditions soufiste ou > malékite, est prioritaire pour faire basculer les rapports de force.
> Le volet économique est le grand absent des projets en cours. Les > causes profondes de la crise du Nord Mali renvoient, comme dans > d’autres pays du Sahel, à la conjonction d’une explosion > démographique, de jeunes sans perspectives, de la prolifération des > trafics, de crises environnementales et alimentaires, et de > l’extension d’un islam radical sous l’influence de puissances non > africaines. L’aide française et européenne affectée à la zone > sahélienne est infime.
> Eviter un enlisement du conflit ou son déplacement vers d’autres zones > suppose des projets offrant aux jeunes des opportunités de revenus et > d’insertion sociale, un assèchement des circuits de drogue et de > trafics divers, des retombées des investissements miniers pour les > populations, une réactivation de la coopération décentralisée. Un > positionnement fort de l’Union européenne est prioritaire, pour éviter > que cette zone devienne la Somalie ou l’Afghanistan de l’Afrique de > l’Ouest >
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